Lettre à Mademoiselle F

C'est un étrange exercice auquel je me livre.

T'écrire une lettre que tu ne liras probablement pas, ne sachant pas à l'heure présente si je trouverai le courage de te l'envoyer.

Si tu la lis c'est qu'à priori, oui.

Ce n'est pas évident de mettre sur papier ce que je ressens sans tomber dans le mièvre ou le sirupeux. Ne t'attends pas à trouver dans cette missive, de grandes déclarations enflammées, de promesses éternelles, d'éloges à ta beauté ou à ta gloire, ce n'est pas mon style et tu pourrais penser à raison que je me moque de toi.

La romance n'est décidément pas mon fort, et bien que cela joue en ma défaveur, je suis beaucoup plus doué avec des mots acides que des mots doux.

Oui, tu n'es pas parfaite, tu ne corresponds pas à mon idéal féminin, et si je ne te connaissais pas, je ne me retournerai pas en te croisant dans la rue.

Je n'ai pas eu non plus de coup de foudre la première fois que je t'ai vue et pourtant tu avais 10 ans de moins qu'aujourd'hui.

:p

Pourtant, malgré toi, malgré moi, c'est en travaillant, en discutant, en riant avec toi, que petit à petit j'en suis venu à attendre ces moments que nous partagions. Pour être honnête, cela m'a fait peur. J'ai pour credo 'No zob in Job', et les différences culturelles qui existent entre nous deux ne sont pas si anecdotiques. Je me suis donc efforcé de tuer ce sentiment qui naissait en moi. Et sans le vouloir, tu m'as aidé dans cette tâche, le jour où j'ai pris conscience que toi et lui étiez en couple. L'argument "ne te fais pas de film, elle a déjà quelqu'un" me permit de sceller mes sentiments pour toi. Tu redevins alors une collègue dont j'appréciais la compagnie, une victime parmi d'autre de mes piques.

Malheureusement pour toi, ton histoire avec lui, c'est terminée. Elle t'a marquée. Te voir alors si vulnérable, si triste, toi qui habituellement te protège derrière ton sourire et ta bonne humeur a brisé le sceau que j'avais posé auparavant. Je me refuse de l'admettre mais une part de moi croit encore aux contes de fée, et voir ma princesse blessée réveilla en moi mon âme de Quasimodo.  Je ne pouvais à l'époque que te montrer compassion et une oreille attentive dans le cadre restrictif du monde professionnel. Je ne voulais pas de plus profiter de ta faiblesse... En tout cas ce fut l'excuse derrière laquelle je me réfugiai.

Le temps fit son oeuvre...et avec lui mes sentiments à ton égard.  

Je ne te décrirai pas cet intervalle, je n'y suis pas à mon avantage. Disons juste que toutes les phases que traversent un adolescent qui hésite à déclarer sa flamme, je les ai vécu pendant 2 ans.

Oui, il m'aura fallu 2 ans à tergiverser avant de prendre mon courage à deux mains.

Et te dire, ces simples mots.

Je t'aime.

Comments

[TontonOuioui]

Pas pour l'instant, je n'ai pas son adresse exacte. Pour moi, ce type de lettre s'écrit à la main puis se poste.

[anouchka]

As-tu envoyé au final cette lettre si sincère et si jolie aussi, quoi que tu en penses ?